Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Un temps pour tout

Dans la vie, il y a un temps pour tout.Il y a un temps pour casser trois voitures en Australie, un temps pour se faire larguer sur un catamaran de croisière, et un temps pour vivre dans une hutte au fin fond du Kenya.Presque trois ans après l’obtention de mon diplôme, je me suis finalement dit qu’il serait peut-être enfin temps de commencer à travailler. Enfin, je veux dire, de commencer à travailler dans ce pourquoi j’avais étudié. Oui, parce que comme je le disais un peu plus tôt, il y a un temps pour tout. Il y a un temps pour s’occuper des mioches des autres, un temps pour vendre des tee-shirts « green lantern » à des obèses américains, un temps pour accompagner des Russes acheter des sacs Dior, un temps pour laver des voitures, un temps pour servir du Jim Beam à des aborigènes, un temps pour recoudre les slips d’un fermier, un temps pour surveiller des cas soc’ dans un collège, un temps pour cueillir des petits pois ou du raisin, et un temps pour… faire ce pour quoi j’ai étudié pendant cinq ans à la fac.Du coup, je me suis mise à chercher du boulot. Mais quitte à travailler, autant le faire dans un endroit pas trop moche, me suis-je dit en consultant les annonces. C’est alors que j’ai trouvé un job au Vietnam. J’aurais pu trouver endroit plus dégueulasse.

Semaine 1

Publié le 1 Mars 2015 par Manon in Au quotidien

Semaine 1
Semaine 1

Prendre le bus, y aller à vélo, acheter un scooter, ou prendre un taxi/scooter ? That’s the question !

Le taxi/scooter : Le problème du taxi/scooter, c’est que je ne sais jamais qui est taxi, et qui est juste un vietnamien lambda en train de rentrer chez lui. En Afrique, ce n’était pas compliqué, tous ceux qui avaient un scooter étaient des chauffeurs de taxi. Mais ici, tout le monde a un scooter. Du coup, j’attends que l’un d’entre eux me hèle ! Bien sûr, comme aucun d’entre eux ne parle anglais, c’est toujours le bordel pour 1/ expliquer où je veux aller (au moyen de ma carte ou d’un point de repère) et 2/ négocier le prix (en montrant sur une feuille différents prix, ou en montrant des billets). L’autre problème du taxi/scooter, c’est que l’on n’est jamais certain de ce qu’il va nous arriver. Enfin, si on arrive vivant là où on l’a demandé, on peut déjà s’estimer heureux. Lundi, une fois arrivée près de chez moi, le gars voulait plus que la somme que l’on avait convenue au départ. Vendredi, j’ai attendu mon bus pendant 15 minutes, finalement il est arrivé mais est passé devant moi sans s’arrêter ! J’ai donc fini par accepter de rentrer en taxi/scooter. J’explique au gars où je veux aller, je lui montre mon plan et lui donne le nom de l’hôtel qui se trouve à côté de chez moi, que tout le monde connaît, en général. « Yes yes yes », il me dit. On négocie le prix, je mets le casque qu’il me tend, et c’est parti. Très vite, je me rends compte qu’il ne prend pas la route habituelle. Je lui redis l’endroit où je vais, « yes yes yes », il me répond. Je me dis « okay, il prend un raccourci ». A savoir pour l’avenir, la route habituelle EST le raccourci. Le mec m’a fait faire tout le tour de la ville et s’est complètement pommé. Au bout de dix minutes, je lui ai demandé de s’arrêter, et j’ai voulu prendre un autre taxi. Il m’a demandé de lui remontrer le plan (avec des gestes). Je lui remontre. « Ah yes yes yes » ! Je remonte derrière lui. Il m’emmène ailleurs, dans un endroit qui n’est toujours pas celui où je veux aller, et qui se trouve encore plus loin de chez moi. Je finis par m’énerver et lui demande de s’arrêter. Surtout qu’il conduit comme un taré, je me pisse dessus de frayeur. En plus je suis en mini-jupe, si je tombe, mes jambes sont de la bouillie de sorcière. Il s’arrête devant un hôtel qui n’est absolument pas celui dont je lui ai donné le nom, et je descends de son scooter, furax, pour me diriger vers un vrai taxi, voiture. Je rentre à l’intérieur et explique au chauffeur où je veux aller. Le chauffeur du taxi vient toquer à la fenêtre pour que je le paie. Il rêve lui ou quoi ? Il m’a emmené à l’opposé de l’endroit où je voulais aller, il m’a fait perdre une heure, il est 22h, j’ai bossé toute la journée, je crève la dalle, je suis obligée de payer un taxi/voiture pour retraverser toute la ville, et il faudrait encore que je le paie ???!!! Le taxi/voiture met vingt minutes à arriver chez moi. Je paie 140 fois le prix que j’aurais payé si le bus qui était passé devant moi s’était arrêté. J’ai mis une heure trente pour rentrer chez moi, pour un trajet qui normalement prend vingt minutes. Je suis furax.

Le vélo/ l’achat d’un scooter : Me déplacer en vélo ou avec mon propre scooter me permettrait une certaine indépendance, liberté, et même tranquillité d’esprit dans le sens où je n’aurais pas à marchander à chaque fois que je veux me déplacer. Le problème, c’est que je ne me sens absolument pas capable de conduire un scooter ici. Déjà que quand je suis sur un taxi-moto, parfois j’ai tellement peur que je ferme les yeux. Pour conduire, les yeux fermés, ce n’est pas pratique. En même temps, si je conduisais moi-même, ma vie serait entre mes propres mains, et non entre celles d’un conducteur pris au hasard qui ne sait peut-être pas mieux conduire que moi… Enfin, dans tous les cas, il a plus d’expérience que moi dans la conduite de scooter, que ce soit à Hanoï ou ailleurs. Oui parce qu’il me faut préciser que mon expérience en matière de conduite de scooter se résume à une ligne sur mon CV : « conduite d’un scooter sur les routes désertes d’une petite île grecque, en vacances avec Sarah ». J’avais d’ailleurs assuré au gars à qui nous avions loué le scooter que j’avais conduit un tel engin toute mon adolescence. Je ne pensais pas qu’il viendrait avec nous jusqu’au scooter. Je n’ai même pas su le démarrer.

Selon les gens, c’est une habitude à prendre. Il faut se fondre dans le banc de poissons (thons) et suivre le mouvement. C’est déjà ce que je fais à pied pour traverser la route : j’attends que des Vietnamiens se décident à traverser au milieu des scooters et voitures, et je les suis. Ca demande une certaine précision dans nos estimations du nombre de secondes que mettront les voitures et scooter avant de nous percuter. Dimanche dernier, c’était drôle, j’ai vu deux occidentales se prendre par la main, angoissées, avant de se jeter dans le flot de la circulation, pour traverser !

Mais à chaque fois que je me dis que je vais essayer, je suis refroidie par ce que je vois. Le bus qui manque de percuter un vélo. Une voiture qui percute un scooter, et la fille qui vole à terre. Certes, le chauffeur est sorti de la voiture pour l’aider à se relever, mais quand même.

Le bus : L’avantage du bus, c’est que je ne passe pas le trajet à faire le signe de croix dans l’espoir de survivre au trajet. Ceci dit, en taxi/scooter, je suis bien trop occupée à m’accrocher au scooter pour pouvoir faire le signe de croix (mais je le fais intérieurement). Comme le dit Océane (la seule de mes collègues à se déplacer en bus), en bus, nous sommes des requins. Car ici, c’est la loi du plus gros. Et il n’y a pas plus gros que le bus. A priori, c’est donc dans le bus que nous sommes le plus en sécurité. A moins qu’il ne se retourne. Ce qui avec moi dedans, n’est pas si improbable. Il y a quelques jours, j’ai vu un camion renversé sur le côté. Au final, il n’y a que dans mon lit que je suis en sécurité… Et encore !

Bref, que je le veuille ou non, je suis une expatriée

Dimanche dernier, en bonne touriste, je me décide à aller visiter le quartier des 36 corporations, qui est censé être le vieux quartier de Hanoï, où chaque rue abrite un corps de métier : les vendeurs de riz, les vendeurs de légumes, les vendeurs de papier, etc. Manque de bol pour moi, nous sommes en plein têt (nouvel an vietnamien) et tout est fermé et désert. Tout sauf… les agences de trekking et d’excursion. Moi qui m’attendais à un quartier « authentique », je tombe en plein nid de backpackers. Et soudain, je réalise. Je réalise pourquoi on me lançait des regards de haine dans la rue, lorsque je me baladais avec mon énorme sac sur le dos dans la rue . Pour la première fois de ma vie, je réalise à quel point les backpackers sont haïssables pour le commun des mortels, et surtout la raison de cette haine qu’on leur voue : ils sont et possèdent tout ce que nous ne sommes plus, et tout ce que nous ne possédons plus : la jeunesse, l’absence de responsabilités, l’insouciance (outre les questions existentielles telles que : « quelle agence de trekking vais-je choisir ? Plongée ou balade à dos d’éléphant ? Allez, plongée aujourd’hui, et balade à dos d’éléphant demain !), la liberté d’aller où l’on veut et quand on veut et la multitude infinie des possibilités. Je prends conscience que je ne suis PLUS une backpacker, mais que, malgré tout le mal que j’ai pu penser des expatriés, j’en suis devenue une. Avant, arrivée à l’aéroport, j’aurais traîné ma valise jusqu’à une navette, pour rejoindre le centre-ville, d’où j’aurais ensuite cherché un moyen d’atteindre ma maison. Cette fois, j’ai pris un taxi (d’accord, je me suis incrustée dans le taxi d’un expat’, mais depuis, je l’ai remboursé). Arrivée au travail, mon boss a demandé à une secrétaire de nettoyer mon casier, j’ai presque trouvé ça normal. Avant, cela m’aurait gêné, j’aurais proposé de le faire moi-même. Et honte suprême : j’ai presque été déçue de découvrir dans ma salle de bain une machine à laver. Quand la fille dont j’ai repris la chambre m’avait dit que le loyer comprenait la lessive, je m’étais naïvement imaginé que quelqu’un me ferait ma lessive, comme en Inde. En fait non, ce qui est compris dans le loyer, c’est le PRODUIT pour la lessive. En fait, la seule chose qui me sauve, pour l’instant, c’est que je n’ai pas (encore) de scooter, et que je prends le bus, comme les pauvres.

L’auberge espagnole ? Un mythe.

Quand on m’a proposé une chambre dans une colocation avec un américain, une canadienne et une allemande, j’avoue, je me suis fait des films. J’imaginais une vie aussi trépidante que celle de Romain Duris dans l’auberge espagnole. La vérité est tout autre.

En Inde, mon coloc et moi vivions tous les deux notre vie indépendamment l’un de l’autre. J’avais une excuse : nous étions en pleine mousson, et dans le séjour commun, il faisait 45 degrés. Du coup quand je rentrais chez moi, je m’enfermais dans ma chambre qui elle, était climatisée. Une fois de retour en France, trois mois plus tard, il m’avait envoyé un mail dans lequel il me disait, en gros, que j’étais une grosse connasse de n’avoir jamais fait d’effort pour créer de liens avec lui. Ce qui était faux. Je lui avais pourtant plusieurs fois proposé de venir avec moi à la piscine, ou encore à un cours de méditation. Les gens font parfois preuve d’une telle mauvaise-foi, c’est hallucinant. Bref, du coup, je me suis dit que cette fois, j’allais faire des efforts pour éviter de recevoir un tel mail trois mois après mon retour en France. Dimanche dernier, j’ai donc proposé à mon coloc’ de regarder une série ensemble, chose que nous avons faite, puis je lui ai proposé d’aller au resto le lendemain, pour fêter mon anniversaire. Oui, me dit-il. Le lundi soir, je lui redemande donc s’il est toujours d’accord pour aller au resto, il me confirme que oui, et nous convenons d’un horaire. En attendant, je retourne dans ma chambre vaquer à mes occupations, et parmi ces occupations, il y a écrire un texto au mec du taxi de l’aéroport pour savoir quand il est dispo pour que je lui rembourse la moitié de la course. « Ce soir », il me répond. Je l’invite alors à venir au resto avec mon et mon coloc’, et vais avertir ce dernier que nous aurons un invité en plus. Il me dit « pas de problème ». Dix minutes plus tard, je vois arriver dans ma chambre mon coloc, qui me dit que pour finir, il a du travail, et qu’il ne viendra donc pas avec nous au resto, « c’est pas grave ? ». Curieusement, cela ne m’étonne même pas. Alors d’accord, je me fais peut-être (encore) des films, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il s’imaginait que le resto déboucherait sur autre chose… Heureusement que le Français ne m’a pas abandonnée aussi, sinon j’aurais passé mon vingt-sixième anniversaire toute seule comme une conne dans ma chambre. Pour finir, pour mes 26 ans, j’ai bouffé un hamburger tout en me faisant bouffer par des moustiques. D’ailleurs j’ai fini par craquer, comme j’habite littéralement au-dessus du resto où nous étions, je suis remontée enfiler un jean, histoire d’avoir une chance d’échapper à la dengue. Oui je suis peut-être parano, mais de 1/ j’ai une copine qui l’a déjà attrapé, et ça n’a pas l’air très sympathique, et de 2/ j’ai tout de même une certaine propension à choper toute sorte de maladie tropicale. Ensuite, le resto français (qui sert du bœuf bourguignon et diffuse du Brel (ou du Gainsbourg, je ne sais jamais qui est qui)) a fermé, et nous sommes allés boire un verre sur la terrasse d’un bar, face au lac, entouré de maisons illuminées.

Quant aux autres coloc’, l’Allemande est toujours en vacances, et la Canadienne est arrivée hier (samedi). Elle est ici pour deux mois, à priori, et ne compte pas travailler. Elle écrit, me dit-elle. Tiens ! Je lui demande donc ce qu’elle écrit. « De la littérature érotique », me répond-elle. Ca devient intéressant. « Genre Fifty Shades of Grey ? », je demande. « J’ambitionne de faire mieux que ça ! », elle répond.

Au final, j’ai un peu l’impression de vivre toute seule. Nous avons tous des horaires différents, et je passe parfois trois jours sans voir un coloc’. En même temps, vu les journées que je me fais, ce n’est pas si étonnant : je pars le matin vers 7h30, et ne reviens que le soir vers 21h30 (quand ce p------ de scooter de mes deux ne se perd pas…) ! Il va donc falloir que je me fasse un cercle d’amis hors de la maison… Heureusement, la plupart de mes collègues ont l’air sympa.

Lost in translation

Lundi

Je débarque dans le bureau de mon boss lundi matin à la première heure (ouais enfin…à 10h quoi). Je commençais tout de même à m’inquiéter légèrement sachant que :

  • La rentrée, c’est mercredi.
  • Je ne connais toujours pas mon emploi du temps.
  • Je ne connais pas le manuel que je vais utiliser en cours.
  • Je ne sais même pas quel niveau j’aurai.
  • Je n’ai toujours pas signé mon contrat.
  • Et surtout, je ne sais pas quand sont mes prochaines vacances (oui, c’est important de savoir les dates des prochaines vacances, avant même de faire la rentrée des classes…).

L’institut français est tellement classe que quand j’entre dans le hall, j’ai l’impression d’être dans le Titanic tellement les boiseries brillent de partout. Rien à voir avec l’alliance française croûlante de Calcutta. C’est bien simple, la première fois, je suis passée devant l’institut sans le voir, tellement elle était classe et sobre. Pour vous resituer, autour de l’institut, on trouve : l’opéra, Prada, Boss, le Stock exchange.

Je passe donc la journée à visiter l’institut, à essayer de me familiariser avec la méthode de français, et avec la plateforme que nous sommes censés utiliser (pour faire le relevé des absences, le suivi pédagogique des cours, etc…), et à essayer de retenir les quinze passwords différents que l’on m’a donné pour : l’ordi de la salle des profs, les ordis des salles de classe, le mot de passe de mon mail de l’institut français, et le mot de passe de mon compte de prof sur la plateforme, tout en essayant de comprendre la progression de mes différents cours. Je suis lost.

Le midi, je mange avec mon boss, et un de ses collègues. Au cours du repas, je me retrouve dans l’incapacité d’avaler le morceau de poulet plein de gras que j’ai dans la bouche, et dans l’obligation d’aller le rechercher avec mes doigts, ce qui est toujours mieux que de le recracher, me dis-je en cet instant. De retour à l’institut, je passe par les toilettes et me rends compte que mon mascara a fait plein de traces sur mes paupières. Cela fait donc trois heures, et un repas au restaurant avec mes chefs, que je me balade en mode poupée russe (ou en mode meuf qui ne sait pas se maquiller). Génial. Je suis donc à jamais, pour mes chefs, la fille qui recrache dans son assiette son poulet, et qui ne sait même pas s’appliquer du mascara sur les yeux.

Je passe le reste de la journée à me renseigner sur les démarches d’adhésion à la Caisse des Français à l’Etranger, à m’acheter une carte sim pour mon téléphone, etc. Mon contrat n’est pas prêt, la secrétaire me dit que demain il le sera.

Mardi

Ce matin, première chose que je fais en arrivant : demander à la secrétaire si mon contrat est prêt. Je ne suis pas surprise d’entendre que non. L’avenir dira à combien de jours correspond le mot « demain » pour les Vietnamiens. Pas trop longtemps j’espère car tant que je n’ai pas mon contrat, je ne peux pas ouvrir de compte en banque (je ne peux donc pas être payée, je dois donc utiliser mon compte français, et payer des taxes à chaque fois que je retire de l’argent) ni faire mes démarches pour la sécurité sociale (donc en gros, si je me fais renverser par un bus ou si mon chauffeur de scooter a un accident, et que je me retrouve à l’hôpital, tous les frais seront pour ma gueule).

Mercredi

Premier jour de cours. Dans l’ensemble ça a été. Je n’ai fait qu’une grosse boulette : prendre une meuf pour un mec. Nous apprenions les présentations. Elle me dit : « je suis vietnamienne ». Je corrige : « non, tu es vietnamIEN ». Elle me reprend : « no but I’m a girl !! ». Oh putain, la honte. La classe pète une barre. Moi aussi (même si je n’en mène pas large). En même temps, moi au Kenya, on me demandait bien si j’étais un mec alors, après tout, chacun son tour !

Jeux de présentations en classe :

Un jeu que j’ai l’habitude de faire : demander aux étudiants de se classer/placer du plus jeune au plus vieux, dans l’ordre alphabétique de prénom, et de la couleur de cheveux la plus claire à la plus foncé. Je me rends compte au dernier moment, qu’en fait, la couleur de cheveux, ici, ça ne va pas le faire. Ils ont tous la même couleur de cheveux.

Un autre jeu : se placer à gauche ou à droite d’une ligne imaginaire, selon ce que je dis. J’ai tenté :

  • A gauche, ceux qui ont déjà mangé des grenouilles (la moitié de la classe)
  • A gauche, ceux qui ont déjà mangé du chien (toute la classe !!!!)
  • A gauche, ceux qui n’aiment pas le riz (aucun !)

Samedi

Premier cours pour enfants. Dieu que je suis contente de ne PAS être instit.

L’après-midi, je participe à une formation/habilitation DELF/DALF, où je rencontre deux Françaises, en stage MAE (comme moi en Afrique du Sud) que j’accompagne dans un bar le soir-même, pour voir leur coloc irlandais jouer. C’est marrant, j’ai toujours eu en tête le stéréotype de l’irlandais guitariste dans un groupe de rock, et c’est tout à fait ça !

Histoires de ventres

Le midi, je mange donc la plupart du temps dans une petite ruelle derrière l’institut français, dans laquelle il y a plein de petits vendeurs de bouffe (le repas me revient à environ un euro). Le premier jour où je m’y rends, mardi, je ne parviens pas à me faire comprendre de la vendeuse. Alors je m’assois, et j’attends de voir ce qu’elle m’amène. De toute façon, je ne connais rien, alors il faudra bien que je teste tout pour voir ce que j’aime et ce que je n’aime pas. Elle me ramène une sorte de soupe avec des lamelles de poulet, des nouilles blanches, et des trucs verts qui flottent à la surface. Je crois que c’est le fameux pho. Sur la table, un bol contenant des baguettes. Uniquement. Je n’ai jamais mangé de ma vie avec des baguettes. Encore moins des nouilles. Résultat, j’ai l’impression d’être à la fête foraine et de jouer à la pêche aux canards. Le lot du gagnant ? Avoir l’estomac rempli. Ca motive. Il me faut 37 minutes pour parvenir à avaler 3 nouilles et 2 bouts de poulet. Le problème, c’est que comme la soupe n’est pas transparente, vient un moment où ça devient compliqué d’aller repêcher les bouts de poulets. On repêche toujours les mêmes : ceux qu’on ne veut pas manger parce qu’ils sont plein de gras ou d’os. Au bout d’un moment, je parviens à la même conclusion que Dumbledore, c’est-à-dire qu’il faut la boire. Mais je n’ai pas son courage, et ne parviens pas à m’y résoudre : il y a trop de trucs verts qui flottent et qui ne m’inspirent pas confiance. De retour à l’institut, je passe aux toilettes où je me rends compte qu’un bout d’algue est resté coincé entre mes dents. Que Dieu bénisse mon passage aux toilettes. Après les yeux de poupée russe la veille, l’algue coincée entre les dents, ça aurait été la goutte de trop !

Mercredi, jour de la rentée, je retourne dans la dite ruelle, et mange avec mes collègues un riz cantonnais. C’est déjà mieux. Tout en mangeant, j’apprends que trois des profs de l’institut ont déjà bossé chez Voilà, chez qui j’ai failli aller bosser en Pologne, avant que je n’obtienne ce poste à Hanoi !! Le monde est petit ! Le soir, nous allons au resto entre profs, pour fêter le début de la session et notre arrivée à moi et un autre collègue (qui est là depuis deux mois en fait). Je retrouve enfin de la bouffe digne de ce nom…et me fais un hamburger.

Vendredi midi, j’accompagne deux collègues, Thomas et Hoa, ma prof de vietnamien, dans un resto français, genre très chic. On nous sert : une soupe à la patate douce, aux oignons et aux lardons, un hâchis parmentier, et du pain perdu/pain d’épice à la confiture de fraise. Le tout servi dans une présentation à la française impeccable. Nous prenons un bain de soleil sur une terrasse au premier étage, tout en discutant de plans futurs : karaoké, week-end à la campagne, test des différents restos de crêpes de la ville…

Let’s speak vietnamese (or try, at least) !

Premier cours de vietnamien

Allez, je me motive, je vais à un cours de vietnamien organisé par l’institut français ! Je me dis que ça pourrait être utile. Ne serait-ce que pour savoir dire au chauffeur de taxi où je veux aller, et au serveur de m’amener du riz sans légumes, et de la viande sans gras.

En arrivant en cours, je réalise que je ne sais même pas comment on dit bonjour en vietnamien. Nous sommes cinq Français, dont une meuf qui est le portrait craché de Charlotte dans Plus Belle la Vie (oui, je sais, j’ai de ces références, ça fait peur). Je me souviens subitement de deux choses :

1/ je suis nulle en langues étrangères (il m’a quand même fallu dix ans pour maîtriser un minimum une langue aussi simple que l’anglais, et encore, je ne comprends même pas tout ce que me dit mon coloc américain).

2/ Pourquoi dans tous les cours, il faut toujours qu’il y en ait un qui la ramène et fasse « son intéressant » ?!

Bon, l’avantage, c’est que la prof est ma collègue, donc je suis un peu privilégiée. Genre elle connaît mon prénom, et c’est même à moi qu’elle demande de lui prêter un stylo, nanananèèèèèère, et toc mademoiselle-première-de-la-classe-je-parle-déjà-vietnamien !

Deuxième cours de vietnamien

Aujourd’hui, Thomas, un collègue/prof vient en cours avec moi. Nous retrouver sur une chaise d’élève, de l’autre côté de la scène, nous fait réaliser, ou du moins nous rappeler, l’effet que cela fait d’être élève : alors que nous attendons notre tour de parole pour prononcer six sons en suivant, nous stressons à mort, tellement que nous comptons combien de phrases il y a encore à lire, pour voir si nous allons y passer, ou y échapper. C’est tout de même drôle pour des profs qui passent la journée à parler devant des élèves, de se mettre à stresser comme ça lorsque l’on se retrouve dans la position d’un élève ! Je réalise à quel point c’est difficile de s’exprimer dans une langue étrangère… ou même de prononcer des sons étrangers ! Nous nous entraînons pour l’instant à prononcer les lettres de l’alphabet, et les différents tons. Oui parce qu’en vietnamien, il y a six tons. En français, il n’y a pas de tons sur chaque mot, mais nous avons des intonations pour les phrases. Ici, « ma » peut se prononcer de six manières différentes (ton qui monte, qui descend, qui monte puis descend, qui descend puis monte, ton très court, et pas de ton). Et bien sûr, selon la façon dont nous prononçons « ma », cela peut vouloir dire « fleur » ou « bite », ce qui n’est tout de même pas la même chose. (Okay, en réalité, je n’ai aucune idée de la signification des six « ma », mais c’est pour vous donner une idée du problème que pose l’existence de tons). Moi, je vous le dis, il va falloir un moment avant que je sois capable de PRONONCER le nom de mes élèves correctement (et je ne parle même pas de les retenir). Quelle idée aussi d'avoir des noms pareils ?! Regardez un peu la liste de mes élèves : Hoang Thai Bang, Mai Xuan Hien, Nyuen Duc Trung (qui se prononce Tchum), Tran Thi Thanh Thuy, Vu Quynh Nhu et cinq autres élèves dont le nom de famille est Nguyen. J'ai l'impression que la moitié des Vietnamiens ont pour nom de famille Nguyen...

En cadeau : l’alphabet vietnamien !

Commenter cet article
G
Non mais quelle semaine de folie Manon! Le transport au Vietnam est un vrai problème... Il y a un code de la route réel ou imaginaire la-bas?^^<br /> J'espère que ça ira mieux avec tes colocs, ce n'est pas terrible de vivre avec des personnes dans un pays étranger qui ne veulent rien partager ou partager peu de choses avec toi, elle est où la solidarité là-dedans!<br /> C'est sympa qu'il y ait des restos français! C'est tellement particulier la nourriture vietnamienne... ^^<br /> Bon courage pour l'apprentissage de la langue ;-) !
Répondre
C
Il y a déjà eu des plaisanteries sur l'accent cht'i en anglais. Que va donner le vietnamien cht'i?
Répondre